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Elle s’endormit sur une chaise, et ne se réveilla qu’au jour.

Elle fit le ménage, comme elle avait coutume, chaque matin ; elle balaya, elle épousseta, et, vers huit heures, prépara le café de M. Lemonnier.

Mais elle n’osait point le porter à son maître ne sachant trop comment elle allait être reçue ; et elle attendit qu’il sonnât. Il ne sonna point. Neuf heures, puis dix heures passèrent.

Céleste, effarée, prépara son plateau et se mit en route, le cœur battant. Devant la porte elle s’arrêta, écouta. Rien ne remuait. Elle frappa ; on ne répondit pas. Alors, rassemblant tout son courage, elle ouvrit, entra, puis, poussant un cri terrible, laissa choir le déjeuner qu’elle tenait aux mains.

M. Lemonnier pendait au beau milieu de sa chambre, accroché par le cou à l’anneau du plafond. Il avait la langue tirée affreusement. La savate droite gisait, tombée à terre. La gauche était restée au pied. Une chaise renversée avait roulé jusqu’au lit.