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Les gens de la ferme arrivaient à leur tour qui se mirent avec le patron à assommer le mendiant. Puis, quand ils furent las de le battre, ils le ramassèrent et l’emportèrent, et l’enfermèrent dans le bûcher pendant qu’on allait chercher les gendarmes.

Cloche, à moitié mort, saignant et crevant de faim, demeura couché sur le sol. Le soir vint, puis la nuit, puis l’aurore. Il n’avait toujours pas mangé.

Vers midi, les gendarmes parurent et ouvrirent la porte avec précaution, s’attendant à une résistance, car maître Chiquet prétendait avoir été attaqué par le gueux et ne s’être défendu qu’à grand’peine.

Le brigadier cria :

— Allons, debout !

Mais Cloche ne pouvait plus remuer, il essaya bien de se hisser sur ses pieux, il n’y parvint point. On crut à une feinte, à une ruse, à un mauvais vouloir de malfaiteur, et les deux hommes armés, le rudoyant, l’empoignèrent et le plantèrent de force sur ses béquilles.