pait à la seule force des poignets jusque dans les greniers à fourrages où il demeurait parfois quatre ou cinq jours sans bouger, quand il avait recueilli dans sa tournée des provisions suffisantes.
Il vivait comme les bêtes des bois, au milieu des hommes, sans connaître personne, sans aimer personne, n’excitant chez les paysans qu’une sorte de mépris indifférent et d’hostilité résignée. On l’avait surnommé « Cloche », parce qu’il se balançait, entre ses deux piquets de bois ainsi qu’une cloche entre ses portants.
Depuis deux jours, il n’avait point mangé. Personne ne lui donnait plus rien. On ne voulait plus de lui à la fin. Les paysannes, sur leurs portes, lui criaient de loin en le voyant venir :
— Veux-tu bien t’en aller, manant ! V’là pas trois jours que j’tai donné un morciau d’ pain !
Et il pivotait sur ses tuteurs et s’en allait à la maison voisine, où on le recevait de la même façon.