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rapace, de paysan sournois, féroce, brutal et lâche.



Lorsque revint l’été, il lui fallut aller remuer la bête dans sa côte. C’était loin. Le goujat, plus furieux chaque matin, partait de son pas lourd à travers les blés. Les hommes qui travaillaient dans les terres lui criaient, par plaisanterie :

— Hé Zidore, tu f’ras mes compliments à Coco.

Il ne répondait point ; mais il cassait, en passant, une baguette dans une haie et, dès qu’il avait déplacé l’attache du vieux cheval, il le laissait se remettre à brouter ; puis approchant traîtreusement, il lui cinglait les jarrets. L’animal essayait de fuir, de ruer, d’échapper aux coups, et il tournait au bout de sa corde comme s’il eût été enfermé dans une piste.