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Ainsi, il allait se battre ! Il ne pouvait plus éviter cela. Que se passait-il donc en lui ? Il voulait se battre, il avait cette intention et cette résolution fermement arrêtées ; et il sentait bien, malgré tout l’effort de son esprit et toute la tension de sa volonté, qu’il ne pourrait même conserver la force nécessaire pour aller jusqu’au lieu de la rencontre. Il cherchait à se figurer le combat, son attitude à lui et la tenue de son adversaire.

De temps en temps, ses dents s’entrechoquaient dans sa bouche avec un petit bruit sec. Il voulut lire, et prit le code du duel de Châteauvillard. Puis il se demanda :

— Mon adversaire a-t-il fréquenté les tirs ? Est-il connu ? Est-il classé ? Comment le savoir ?

Il se souvint du livre du baron de Vaux sur les tireurs au pistolet, et il le parcourut d’un bout à l’autre. Georges Lamil n’y était pas nommé. Mais cependant si cet homme n’était pas un tireur, il n’aurait pas accepté immédiatement cette arme dangereuse et ces conditions mortelles ?