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distinctement étendu sur le dos dans ces mêmes draps qu’il venait de quitter. Il avait ce visage creux qu’ont les morts et cette mollesse des mains qui ne remueront plus.

Alors il eut peur de son lit et, pour ne plus le regarder il passa dans son fumoir. Il prit machinalement un cigare, l’alluma et se remit à marcher. Il avait froid ; il alla vers la sonnette pour réveiller son valet de chambre ; mais il s’arrêta, la main levée vers le cordon :

— Cet homme va s’apercevoir que j’ai peur.

Et il ne sonna pas, il fit du feu. Ses mains tremblaient un peu, d’un frémissement nerveux, quand elles touchaient les objets. Sa tête s’égarait ; ses pensées troubles, devenaient fuyantes, brusques, douloureuses ; une ivresse envahissait son esprit comme s’il eût bu.

Et sans cesse il se demandait :

— Que vais-je faire ? Que vais-je devenir ?

Tout son corps vibrait, parcouru de tressail-