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CONTES DU JOUR ET DE LA NUIT.

ses jambes le meuble avarié et présentait un clou sur les bords de la cassure ; alors le brigadier, mâchant sa moustache, les yeux ronds et mouillés d’attention, tapait à tous coups sur les doigts de son subordonné.

Le facteur, dès qu’il les aperçut, s’écria :

— Venez vite, on assassine le percepteur, vite, vite !

Les deux hommes cessèrent leur travail et levèrent la tête, ces têtes étonnées de gens qu’on surprend et qu’on dérange.

Boniface, les voyant plus surpris que pressés, répéta :

— Vite, vite! Les voleurs sont dans la maison, j’ai entendu les cris, il n’est que temps.

Le brigadier, posant son marteau par terre, demanda :

— Qu’est-ce qui vous a donné connaissance de ce fait ?

Le facteur reprit :

— J’allais porter le journal avec deux lettres quand je remarquai que la porte était fermée et que le percepteur n’était pas levé. Je fis le tour de la maison pour me rendre compte, et j’entendis qu’on gémissait comme si on eût étranglé quelqu’un ou qu’on lui eût coupé la gorge, alors je m’en suis parti au plus vite pour vous chercher. Il n’est que temps.