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CE COCHON DE MORIN

sion pour aller visiter des ruines. Henriette derrière le dos de ses parents me faisait des signes de tête : « Oui, restez donc. » J’acceptais, mais Rivet s’acharna à s’en aller.

Je le pris à part ; je le priai, je le sollicitai ; je lui disais : « Voyons, mon petit Rivet, fais cela pour moi. » Mais il semblait exaspéré et me répétait dans la figure : « J’en ai assez, entends-tu, de l’affaire de ce cochon de Morin. »

Je fus bien contraint de partir aussi. Ce fut un des moments les plus durs de ma vie. J’aurais bien arrangé cette affaire-là pendant toute mon existence.

Dans le wagon, après les énergiques et muettes poignées de main des adieux, je dis à Rivet : « Tu n’es qu’une brute ». Il répondit : « Mon petit, tu commençais à m’agacer bougrement ».

En arrivant aux bureaux du Fanal, j’aperçus une foule qui nous attendait… On