Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/247

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bruit n’eût éveillé quelqu’un ; puis nous recommencions notre acharnée bataille, moi l’attaquant, elle résistant.

Épuisée enfin, elle tomba ; et je la pris brutalement, par terre, sur le pavé.

Sitôt relevée, elle courut à la porte, tira les verrous et s’enfuit.

Je la rencontrai à peine les jours suivants. Elle ne me laissait point l’approcher. Puis, comme mon camarade était guéri et que nous devions reprendre notre voyage, je la vis entrer, la veille de mon départ, à minuit, nu-pieds, en chemise, dans ma chambre où je venais de me retirer.

Elle se jeta dans mes bras, m’étreignit passionnément, puis, jusqu’au jour, m’embrassa, me caressa, pleurant, sanglotant, me donnant enfin toutes les assurances de tendresse et de désespoir qu’une femme nous peut donner quand elle ne sait pas un mot de notre langue.