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la rempailleuse

Je tirai l’argent de ma poche, du misérable argent de tous les pays et de toutes les marques, de l’or et des sous mêlés. Puis je demandai : « Que décidez-vous ? »

Mme Chouquet parla la première : « Mais, puisque c’était sa dernière volonté, à cette femme il me semble qu’il nous est bien difficile de refuser. »

Le mari, vaguement confus, reprit : « Nous pourrions toujours acheter avec ça quelque chose pour nos enfants. »

Je dis d’un air sec : « Comme vous voudrez. »

Il reprit : « Donnez toujours, puisqu’elle vous en a chargé ; nous trouverons bien moyen de l’employer à quelque bonne œuvre. »

Je remis l’argent, je saluai, et je partis.

Le lendemain Chouquet vint me trouver et, brusquement : « Mais elle a laissé ici sa voiture, cette… cette femme. Qu’est-ce que vous en faites, de cette voiture ?

— Rien, prenez-la si vous voulez.

— Parfait : cela me va ; j’en ferai une cabane pour mon potager.