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un coup d’état

ment, et, levant les bras au ciel dans un geste d’exaltation, il se mit à vociférer de toute sa voix devant les deux ruraux affolés :

— Vive la République ! vive la République ! vive la République !

Puis il retomba sur son fauteuil, défaillant d’émotion.

Et comme le paysan reprenait : « Ça a commencé par des fourmis qui me couraient censément dans les jambes, » le docteur Massarel s’écria :

— Fichez-moi la paix ! J’ai bien le temps de m’occuper de vos bêtises. La République est proclamée, l’empereur est prisonnier, la France est sauvée. Vive la République !

Et courant à la porte, il beugla : Céleste, vite. Céleste !

La bonne épouvantée accourut ; il bredouillait tant il parlait rapidement :

— Mes bottes, mon sabre, ma cartouchière et le poignard espagnol qui est sur ma table de nuit : dépêche-toi !

Comme le paysan obstiné, profitant d’un instant de silence, continuait :