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nos lettres

des besoins attendris de parler ou d’écrire, et nous parlons, et nous écrivons. Les paroles s’envolent, les douces paroles faites de musique, d’air et de tendresse, chaudes, légères, évaporées aussitôt que dites, qui restent dans la mémoire seule, mais que nous ne pouvons ni voir, ni toucher, ni baiser, comme les mots qu’écrivit votre main. Vos lettres ? Oui, je vous les rends ! Mais quel chagrin !

« Certes, vous avez eu, après coup, la délicate pudeur des termes ineffaçables. Vous avez regretté, en votre âme sensible et craintive et que froisse une nuance insaisissable, d’avoir écrit à un homme que vous l’aimiez. Vous vous êtes rappelé des phrases qui ont ému votre souvenir, et vous vous êtes dit : « Je ferai de la cendre avec ces mots. »

« Soyez contente, soyez tranquille. Voici vos lettres. Je vous aime. »


« Mon ami,

« Non, vous n’avez pas compris, vous n’avez pas deviné. Je ne regrette point, je ne regretterai