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la porte

Il dit soudain :

— Oh ! mais, j’ai une merveille, à côté. Je vais vous la chercher.

Et il se précipita sur la porte, dont les deux battants s’ouvrirent comme pour un effet de théâtre.

Dans une grande pièce en désordre, au milieu de jupes, de cols, de corsages semés par terre, un grand être sec, dépeigné, le bas du corps couvert d’une vieille jupe de soie fripée qui collait sur sa croupe maigre, brossait devant une glace des cheveux blonds, courts et rares.

Ses bras formaient deux angles pointus ; et comme elle se retournait effarée, je vis sous une chemise de toile commune un cimetière de côtes qu’une fausse gorge de coton dissimulait en public.

Le mari poussa un cri fort naturel, rentra en refermant les portes, et d’un air navré : « Oh ! mon Dieu ! suis-je stupide ! Oh ! vraiment, suis-je bête ! Voilà une bévue que ma femme ne me pardonnera jamais ! »

Moi j’avais envie, déjà, de le remercier.

Je partis trois jours plus tard, après avoir vive-