Page:Maupassant - Clair de lune, 1905.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
la porte

Le dîner fut très gai et très cordial. En sortant de table, le mari et son ami se mirent à jouer aux cartes tandis que j’allai contempler le clair de lune, sur le perron, avec Madame. Elle semblait très émue par la nature ; et je jugeai que le moment de mon bonheur était proche. Ce soir-là vraiment je la trouvai charmante. La campagne l’avait attendrie, ou plutôt alanguie. Sa longue taille mince était jolie sur le perron de pierre, à côté du grand vase qui portait une plante. J’avais envie de l’entraîner sous les arbres et de me jeter à ses genoux en lui disant des paroles d’amour.

La voix de son mari cria :

— Louise ?

— Oui, mon ami.

— Tu oublies le thé.

— J’y vais, mon ami.

Nous rentrâmes ; et elle nous servit le thé. Les deux hommes, leur partie de cartes terminée, avaient visiblement sommeil. Il fallut monter dans nos chambres. Je dormis très tard et très mal.

Le lendemain une excursion fut décidée dans l’après-midi ; et nous partîmes en landau décou-