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la porte

J’hésitais cependant. J’estime en somme que la plupart des liaisons mondaines, même très courtes, ne valent pas le mal qu’elles nous donnent ni tous les ennuis qui peuvent en résulter. Je comparais donc mentalement les agréments et les inconvénients que je pouvais espérer et redouter quand je crus m’apercevoir que le mari me suspectait et me surveillait.

Un soir, dans un bal, comme je disais des douceurs à la jeune femme, dans un petit salon attenant aux grands où l’on dansait, j’aperçus soudain dans une glace le reflet d’un visage qui nous épiait. C’était lui. Nos regards se croisèrent, puis je le vis, toujours dans le miroir, tourner la tête et s’en aller.

Je murmurai :

— Votre mari nous espionne.

Elle sembla stupéfaite.

— Mon mari ?

— Oui, voici plusieurs fois qu’il nous guette.

— Allons donc ! Vous êtes sûr ?

— Très sûr.

— Comme c’est bizarre. Il se montre au con-