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clair de lune

apprit avec précaution que sa nièce avait un amoureux.

Il en ressentit une émotion effroyable, et il demeura suffoqué, avec du savon plein la figure, car il était en train de se raser.

Quand il se retrouva en état de réfléchir et de parler, il s’écria : « Ce n’est pas vrai, vous mentez, Mélanie ! »

Mais la paysanne posa la main sur son cœur : « Que Notre-Seigneur me juge si je mens, monsieur le curé. J’vous dis qu’elle y va tous les soirs sitôt qu’votre sœur est couchée. Ils se r’trouvent le long de la rivière. Vous n’avez qu’à y aller voir entre dix heures et minuit. »

Il cessa de se gratter le menton, et il se mit à marcher violemment, comme il faisait toujours en ses heures de grave méditation. Quand il voulut recommencer à se barbifier, il se coupa trois fois depuis le nez jusqu’à l’oreille.

Tout le jour, il demeura muet, gonflé d’indignation et de colère. À sa fureur de prêtre, devant l’invincible amour, s’ajoutait une exaspération de père moral, de tuteur, de chargé d’âme, trompé, volé, joué par une enfant ; cette suffoca-