Page:Maupassant - Chez le ministre (extrait de Gil Blas, édition du 1883-01-09).djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sans doute, sur les diverses manières de faire des enfants, car le délit d’outrage aux bonnes mœurs ne vise guère que cet acte honorable et si naturel auquel tout le monde se livre régulièrement et sans lequel l’humanité n’existerait pas.

Ce qu’il y a de particulièrement frappant dans cette affaire, c’est, d’abord, l’incroyable abus d’autorité qu’elle renferme, puis la tendance de plus en plus marquée de nos ministres vers l’ancienne morale autoritaire des gouvernements ecclésiastiques. Ne croirait-on pas, en effet, lire un arrêt d’un antique tribunal d’évêques gouvernant quelque université de Salamanque ?

Quant à M. Martin, s’il a quelque talent, ce que j’ignore, je le félicite sincèrement de la mesure qui le frappe. Le voilà du moins bien certain d’échapper à l’influence abrutissante des hautes écoles de l’État.

On se demande depuis longtemps d’où vient l’impuissance artistique des universitaires. Voici peut-être le problème résolu. C’est sans doute à leur extrême chasteté qu’on doit attribuer leur stérilité littéraire.



Puisque nous sommes dans le département de l’instruction publique, restons-y.

On a beaucoup remarqué, ces jours derniers, qu’aucun homme de lettres n’avait été décoré à l’occasion du jour de l’an, et