le cercle de son étreinte autour des reins, et le charme ardent de sa tendresse en toute ma personne, longtemps après mon réveil exquis et décevant.
« Et trois fois en cette même nuit, le songe se renouvela.
« Le jour venu, elle m’obsédait, me possédait, me hantait la tête et les sens, à un tel point que je ne restais plus une seconde sans penser à elle.
« À la fin, ne sachant que faire, je m’habillai et je l’allai voir. Dans son escalier j’étais ému à trembler, mon cœur battait, un désir véhément m’envahissait des pieds aux cheveux.
« J’entrai. Elle se leva toute droite en entendant prononcer mon nom ; et soudain nos yeux se croisèrent avec une surprenante fixité. Je m’assis.
« Je balbutiai quelques banalités qu’elle ne semblait point écouter. Je ne savais que dire ni que faire ; alors brusquement je me jetai sur elle, la saisissant à pleins bras ; et tout mon rêve s’accomplit si vite, si facilement, si follement, que je doutai soudain d’être éveillé… Elle fut pendant deux ans ma maîtresse… »
— Qu’en concluez-vous ? dit une voix.
Le conteur semblait hésiter.
— J’en conclus… je conclus à une coïncidence, parbleu ! Et puis, qui sait ? C’est peut-être un regard d’elle que je n’avais point remarqué et qui m’est revenu ce soir-là par un de ces mystérieux et inconscients rappels de mémoire qui nous représente souvent des choses négligées par notre conscience, passées inaperçues devant notre intelligence !