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pas de plus en plus et si peu désireuse d’arriver qu’elle cherchait, aux devantures, des prétextes pour s’arrêter.

Au bout de la rue, devant l’église la verdure du petit square l’attira si fortement qu’elle traversa la place, entra dans le jardin, cette cage à enfants, et fit deux fois le tour de l’étroit gazon, au milieu des nounous enrubannées, épanouies, bariolées, fleuries. Puis elle prit une chaise, s’assit, et levant les yeux vers le cadran rond comme une lune dans le clocher, elle regarda marcher l’aiguille.

Juste à ce moment la demie sonna, et son cœur tressaillit d’aise en entendant tinter les cloches du carillon. Une demi-heure de gagnée, plus un quart d’heure pour atteindre la rue Miromesnil, et quelques minutes encore de flânerie, — une heure ! une heure volée au rendez-vous ! Elle y resterait quarante minutes à peine, et ce serait fini encore une fois.

Dieu ! comme ça l’ennuyait d’aller là-bas ! Ainsi qu’un patient montant chez le dentiste, elle portait en son cœur le souvenir intolérable de tous les rendez-vous passés, un par semaine en moyenne depuis deux ans, et la pensée qu’un autre allait avoir lieu, tout à l’heure, la crispait d’angoisse de la tête aux pieds. Non pas que ce fût bien douloureux, douloureux comme une visite au dentiste, mais c’était si ennuyeux, si ennuyeux, si compliqué, si long, si pénible que tout, tout, même une opération, lui aurait paru préférable. Elle y allait pourtant, très lentement, à tous petits pas, en s’arrêtant, en s’asseyant, en flânant partout, mais elle y allait. Oh ! elle aurait bien voulu manquer encore celui-là, mais elle avait fait poser ce pauvre vicomte deux fois de suite le mois dernier, et