chement. Mais comme il demandait qui l’on portait sur cette litière, elle s’agita ; deux petites mains écartèrent les grosses capotes bleues, et, rose comme l’aurore, avec des yeux plus clairs que n’étaient les étoiles disparues, et un sourire illuminant comme le soleil qui se levait, une mignonne figure répondit :
— C’est moi, monsieur.
Les soldats, fous de joie, battirent des mains et portèrent la jeune fille en triomphe jusqu’au milieu du camp qui prenait les armes. Bientôt après le général Carrel arrivait. À neuf heures les Prussiens attaquaient. Ils battaient en retraite à midi.
Le soir, comme le lieutenant Laré, rompu de fatigue, s’endormait sur une botte de paille, on vint le chercher de la part du général. Il le trouva sous sa tente, causant avec le vieillard qu’il avait rencontré dans la nuit. Aussitôt qu’il fut entré, le général le prit par la main et s’adressant à l’inconnu :
— Mon cher comte, dit-il, voici le jeune homme dont vous me parliez tout à l’heure ; un de mes meilleurs officiers.
Il sourit, baissa la voix et reprit :
— Le meilleur.
Puis, se tournant vers le lieutenant abasourdi, il présenta « le comte de Ronfi-Quédissac ».
Le vieillard lui prit les deux mains :
— Mon cher lieutenant, dit-il, vous avez