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première neige

toujours. Elle ne sera plus. Elle sourit, et respire tant qu’elle peut, de ses poumons malades, les souffles parfumés des jardins.

Et elle songe.

Elle se souvient. On l’a mariée, voici quatre ans, avec un gentilhomme normand. C’était un fort garçon barbu, coloré, large d’épaules, d’esprit court et de joyeuse humeur.

On les accoupla pour des raisons de fortune qu’elle ne connut point. Elle aurait volontiers dit « non ». Elle fit « oui » d’un mouvement de tête, pour ne point contrarier père et mère. Elle était Parisienne, gaie, heureuse de vivre.