— Vous n’auriez bas de tabac ?
M. Dubuis répondit :
— Non, monsieur !
L’Allemand reprit :
— Je fous brie t’aller en acheter gand le gonvoi s’arrêtera.
Et il se mit à rire de nouveau :
— Je vous tonnerai un bourboire.
Le train siffla, ralentissant sa marche. On passait devant les bâtiments incendiés d’une gare ; puis on s’arrêta tout à fait.
L’Allemand ouvrit la portière et, prenant par le bras M. Dubuis :
— Allez faire ma gommission, fite, fite !
Un détachement prussien occupait la station. D’autres soldats regardaient, debout le long des grilles de bois. La machine déjà sifflait pour repartir. Alors, brusquement, M. Dubuis s’élança sur le quai et, malgré les gestes du chef de gare, il se précipita dans le compartiment voisin.
Il était seul ! Il ouvrit son gilet, tant son cœur battait, et il s’essuya le front, haletant.
Le train s’arrêta de nouveau dans une station. Et tout à coup l’officier parut à la portière et monta, suivi bientôt des deux Anglais que la curiosité poussait. L’Allemand s’assit en face du Français et, riant toujours :
— Fous n’afez pas foulu faire ma gommission.
M. Dubuis répondit :
— Non, monsieur !
Le train venait de repartir.
L’officier dit :