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Il y eut parmi les employés un mouvement de stupéfaction, et la tête de M. Potel apparut, effarée, au-dessus du paravent qui l’enfermait comme une boîte.

Il se barricadait là dedans, par crainte des courants d’air, car il était rhumatisant. Il avait seulement percé deux trous dans le papier pour surveiller son personnel.

On entendait voler les mouches. Le sous-chef, enfin, demanda avec hésitation :

— Vous avez dit ?

— J’ai dit que je m’en fichais un peu. Je ne viens aujourd’hui que pour donner ma démission. Je suis entré comme rédacteur à la Vie Française avec cinq cents francs par mois, plus les lignes. J’y ai même débuté ce matin.

Il s’était pourtant promis de faire durer le plaisir ; mais il n’avait pu résister à l’envie de tout lâcher d’un seul coup.

L’effet, du reste, était complet. Personne ne bougeait.

Alors Duroy déclara :

— Je vais prévenir M. Perthuis, puis je viendrai vous faire mes adieux.

Et il sortit pour aller trouver le chef, qui s’écria en l’apercevant :

— Ah ! vous voilà. Vous savez que je ne veux pas…