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de la Madeleine. On en avait beaucoup jasé sans savoir au juste la vérité. Différentes histoires circulaient. On chuchotait qu’un enlèvement avait eu lieu, mais on n’était sûr de rien.

D’après les domestiques, Mme Walter, qui ne parlait plus à son futur gendre, s’était empoisonnée de colère le soir où cette union avait été décidée, après avoir fait conduire sa fille au couvent, à minuit.

On l’avait ramenée presque morte. Assurément, elle ne se remettrait jamais. Elle avait l’air maintenant d’une vieille femme ; ses cheveux devenaient tout gris ; et elle tombait dans la dévotion, communiant tous les dimanches.

Dans les premiers jours de septembre, la Vie Française annonça que le baron Du Roy de Cantel devenait son rédacteur en chef, M. Walter conservant le titre de directeur.

Alors on s’adjoignit un bataillon de chroniqueurs connus, d’échotiers, de rédacteurs politiques, de critiques d’art et de théâtre, enlevés à force d’argent aux grands journaux, aux vieux journaux puissants et posés.

Les anciens journalistes, les journalistes graves et respectables ne haussaient plus les épaules en parlant de la Vie Française. Le succès rapide et complet avait effacé la mésestime des écrivains sérieux pour les débuts de cette feuille.