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pour Paris, Georges proposa de faire un tour sur la terrasse.

On s’arrêta d’abord pour admirer la vue. Tout le monde se mit en ligne le long du mur et on s’extasia sur l’étendue de l’horizon. La Seine, au pied d’une longue colline, coulait vers Maisons-Laffitte, comme un immense serpent couché dans la verdure. À droite, sur le sommet de la côte, l’aqueduc de Marly projetait sur le ciel son profil énorme de chenille à grandes pattes, et Marly disparaissait, au-dessous, dans un épais bouquet d’arbres.

Par la plaine immense, qui s’étendait en face, on voyait des villages, de place en place. Les pièces d’eau du Vésinet faisaient des taches nettes et propres dans la maigre verdure de la petite forêt. À gauche, tout au loin, on apercevait en l’air le clocher pointu de Sartrouville.

Walter déclara :

— On ne peut trouver nulle part au monde un semblable panorama. Il n’y en a pas un pareil en Suisse.

Puis on se mit en marche doucement pour faire une promenade et jouir un peu de cette perspective.

Georges et Suzanne restèrent un peu en arrière. Dès qu’ils furent écartés de quelques pas, il lui dit d’une voix basse et contenue :