Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

insolence ? S’il ne s’approchait pas d’elle, que penserait-on ?

Il se dit : « Je vais toujours gagner du temps. » Il était tellement ému qu’il eut l’idée un moment de simuler une indisposition subite qui lui permettrait de s’en aller.

La visite des murs était finie. Le patron alla reposer sa lampe et saluer la dernière venue, tandis que Duroy recommençait tout seul l’examen des toiles comme s’il ne se fût pas lassé de les admirer.

Il avait l’esprit bouleversé. Que devait-il faire ? Il entendait les voix, il distinguait la conversation. Mme  Forestier l’appela :

— Dites donc, monsieur Duroy.

Il courut vers elle. C’était pour lui recommander une amie qui donnait une fête et qui aurait bien voulu une citation dans les Échos de la Vie Française.

Il balbutiait :

— Mais certainement, madame, certainement…

Mme  de Marelle se trouvait maintenant tout près de lui. Il n’osait point se retourner pour s’en aller.

Tout à coup, il se crut devenu fou ; elle avait dit, à haute voix :

— Bonjour, Bel-Ami. Vous ne me reconnaissez donc plus ?