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les dernières nouvelles disaient la marche des troupes, les dangers à courir, l’état sanitaire, la situation de l’ennemi, le dénombrement de ses forces ; quinze mille burnous, suivant les uns ; vingt mille, suivant les autres.

On vantait la prudence des généraux qui s’avançaient si lentement en ce pays hérissé de dangers inconnus. Une ville redoutable ouvre ses portes, bravo ! Mais, là-haut, au sommet des montagnes, on regardait avec des lorgnettes la situation inexpugnable de Sidi-Abdallah. Enfin, on se décide à tenter l’assaut. Les bataillons s’ébranlent, grimpent des rochers à pic, fouillent les ravins, sondent les buissons, enragés de ne rencontrer personne. Un général marche en tête, bravement, cherchant la gloire et le danger. On monte, on monte encore, on monte toujours : pas plus de Kroumirs que sur la main. Voici le faîte. Le général y parvient le premier, en hardi soldat, et il trouve en