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Mais le plus beau visiteur que j’aie vu est un grand gaillard au teint brûlé, aux larges épaules, vrai gentilhomme campagnard traversant Paris entre deux chasses.

Au fond de son chapeau rond une couronne assurément coiffait ses initiales enlacées. Il avait la taille serrée dans une jaquette claire, les mains gantées de gants solides, et sous le drap du pantalon ses mollets saillants dessinaient leurs muscles. Il marchait les jambes ouvertes, en homme habitué à tenir un cheval entre ses cuisses ; sa canne flexible semblait une cravache.

À peine entré dans le salon carré, il parcourut les murs d’un regard rapide. Puis, il partit, à grands pas, l’œil fixé sur un tableau qui représentait des chevaux. Il le contempla quelque temps, sérieusement, profondément, jeta un nouveau regard autour de lui, puis passa dans la salle suivante.