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province d’alger

d’un garde champêtre. Entre et sort qui veut. Les Arabes venus de n’importe où peuvent circuler, causer, intriguer à leur guise sans être gènés en rien.

Au pied du ksar, à deux ou trois cents mètres, la commune mixte est gouvernée par l’administrateur civil qui dispose des pouvoirs les plus étendus sur un territoire nu, qu’il est presque inutile de surveiller. Il ne peut empiéter sur les attributions du maire, son voisin.

En face, sur la montagne, est Boghar, où habite le commandant supérieur du cercle militaire. Il a entre les mains les moyens d’action les plus actifs, mais il ne peut rien dans le ksar, commune de plein exercice. Or, le ksar n’est habité que par des Arabes. C’est le point dangereux qu’on respecte, tandis qu’on surveille avec soin les environs. On soigne le mal dans ses effets et non dans sa cause.

Qu’arrive-t-il : Le commandant et l’administrateur, quand ils s’entendent, organisent une sorte de police secrète à l’insu du maire, et tâchent d’être informés mystérieusement.

N’est-il point surprenant de voir ce centre arabe, reconnu dangereux par tout le monde, plus libre qu’une ville en France, tandis qu’il serait