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bou-amama

se séparèrent, emmenant chacun ses prisonniers.

Bou-Amama se montra bienveillant pour les prisonniers, surtout pour les femmes, qu’il faisait coucher dans une tente spéciale et garder.

Une d’elles, une belle fille de dix-huit ans, s’unit en route avec un chef Trafi, qui la menaçait de mort si elle résistait. Mais le marabout refusa de consacrer leur union.

Blas Rojo fut attaché au service de Bou-Amama, qu’il ne vit pas cependant. Il ne vit que son fils, qui dirigeait les opérations militaires. Il semblait âgé de trente ans environ. C’était un grand garçon maigre, brun, pâle, aux yeux larges et qui portait une petite barbe.

Il possédait deux chevaux alezans, dont un français qui semble avoir appartenu au commandant Jacquet.

Le prisonnier n’a pas eu connaissance de l’affaire du Kreïder.

Blas Rojo se sauva dans les environs de Bas-Yala mais, ne connaissant pas bien le pays, il fut forcé de suivre les rivières à sec, et, après trois jours et trois nuits de marche, il arriva à Marhoum. Bou-Amama avait avec lui cinq cents cavaliers et trois cents fantassins, plus un convoi de chameaux destinés à porter le butin.