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la province d’oran

blanchâtres, contemple gravement la bête de fer qui roule devant lui.

Plus loin c’est une troupe de nomades en marche. La caravane s’avance dans la poussière, laissant un nuage derrière elle. Les femmes et les enfants sont montés sur des ânes ou de petits chevaux ; et quelques cavaliers marchent gravement en tête, d’une allure infiniment noble.

Et c’est ainsi toujours. Aux haltes du train, d’heure en heure, un village européen se montre : quelques maisons pareilles à celles de Nanterre ou de Rueil, quelques arbres brûlés alentour dont l’un porte des drapeaux tricolores, pour le 14 juillet, puis un gendarme grave devant la porte de sortie, semblable aussi au gendarme de Rueil ou de Nanterre.

La chaleur est intolérable. Tout objet de métal devient impossible à toucher, même dans le wagon. L’eau des gourdes brûle la bouche. Et l’air qui s’engouffre par la portière semble soufflé par la gueule d’un four. À Orléansville, le thermomètre de la gare donne, à l’ombre, quarante-neuf degrés passés !

On arrive à Oran pour dîner.

Oran est une vraie ville d’Europe, commerçante, plus espagnole que française, et sans