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en bretagne

ces souffrances seront toujours. Et ce feu !… ce feu !… c’est la colère de Dieu qui l’a allumé, ce feu !… il brûlera toujours sans languir, sans fumer, sans pénétrer moins profondément vos os.


✽ ✽

« L’Éternité !… Malheur !… Ne jamais cesser de mourir, ne jamais cesser de se noyer dans un océan de souffrances !

« Ô jamais ! tu es un mot plus grand que la mer ! Ô jamais ! tu es plein de cris, de larmes et de rage. Jamais ! Oh ! tu es rigoureux. Oh ! tu fais peur ! »

Et quand le vieux prêtre eut terminé, il me dit :

« N’est-ce pas que c’est terrible ? »

Là-bas nous entendions la vague infatigable s’acharnant sur la sinistre falaise. Je revoyais ce trou plein d’écume furieuse, lugubre et hurlant, vrai séjour de la mort ; et quelque chose de l’effroi mystique qui fait trembler les dévots repentants pesait sur mon cœur.

Je repartis au soleil levant, comptant atteindre Douarnenez avant la nuit.

Un homme qui parlait français, ayant navigué quatorze ans sur les navires de l’État, m’aborda, comme je cherchais le sentier douanier, et nous