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en bretagne

distinctement l’enchanteresse Koridwen, qui faisait bouillir l’eau miraculeuse. »

Je l’arrêtai, ignorant quelle était l’enchanteresse Koridwen.

Il fut révolté.

« Comment ! vous ne connaissez pas la femme du dieu Hu et la mère des korrigans !

— Non, je l’avoue. Si c’est une légende, contez-la-moi. »

Je m’assis sur un menhir, à son côté.

Il parla.

« Le dieu Hu, père des druides, avait pour épouse l’enchanteresse Koridwen. Elle lui donna trois enfants, Mor-Vrau, Creiz-Viou, une fille, la plus belle du monde, et Aravik-Du, le plus affreux des êtres.

« Koridwen, dans son amour maternel, voulut au moins laisser quelque chose à ce fils si disgracié, et elle résolut de lui faire boire l’eau de la divination.

« Cette eau devait bouillir pendant un an. L’enchanteresse confia la garde du vase qui la contenait à un aveugle nommé Morda et au nain Gwiou.

« L’année allait expirer, quand les deux veilleurs se relâchant de leur zèle, un peu de la liqueur