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aux eaux

de ce contact, de sentir à travers sa robe la douce chaleur de son corps. La nuit vint, nous montions toujours. On s’arrêta devant la porte d’une petite auberge perdue dans la montagne.

Nous avons dormi ! Oh ! dormi !

Au jour levant, je courus à la fenêtre, et je poussai un cri. Berthe arriva près de moi et
demeura stupéfaite et ravie, Nous avions dormi dans les neiges.

Tout autour de nous, des monts énormes et stériles dont les os gris saillaient sous leur manteau blanc, des monts sans pins, mornes et glacés, s’élevaient si haut qu’ils semblaient inaccessibles.

Une heure après nous être remis en route, nous aperçûmes, au fond de cet entonnoir de granit et de neige, un lac noir, sombre, sans une