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la kabylie. — bougie

Les Arabes, par toute l’Algérie, se volent les uns les autres. Il n’est point de nuit où on ne nous signale vingt chameaux volés à droite, cent moutons à gauche, des bœufs enlevés auprès de Biskra, des chevaux auprès de Djelfa. Les voleurs restent toujours introuvables. Et pourtant il n’est pas un officier de bureau arabe qui ignore où va le bétail volé ! Il va chez cet agha qui sert de recéleur à tous les bandits du désert. Les bêtes enlevées sont mêlées à ses immenses troupeaux ; il en garde une partie pour prix de sa complaisance, et rend les autres au bout d’un certain temps, lorsque le danger de poursuites est passé.

Personne, dans le Sud, n’ignore cette situation.

Mais on a besoin de cet homme, à qui on a laissé prendre une immense influence, augmentée chaque jour par l’aide qu’il donne à tous les maraudeurs ; et on ferme les yeux.

Aussi ce chef est-il incalculablement riche, tandis que l’agha de Djelfa, par exemple, s’est en partie ruiné à servir les intérêts de la colonisation, en créant des fermes, en défrichant, etc.

Maintenant, en dehors de cet ordre de faits, une foule d’autres inconvénients plus graves encore résultent de la présence dans les tribus