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LA MER


Marseille palpite sous le gai soleil d’un jour d’été. Elle semble rire, avec ses grands cafés pavoisés, ses chevaux coiffés d’un chapeau de paille comme pour une mascarade, ses gens affairés et bruyants. Elle semble grise avec son accent qui chante par les rues, son accent que tout le monde fait sonner comme par défi. Ailleurs un marseillais amuse, et paraît une sorte d’étranger, écorchant le français ; à Marseille, tous les marseillais réunis donnent à l’accent une exagération qui prend les allures d’une farce. Tout le monde parlait comme ça, c’est trop, troun de l’air ! Marseille au soleil transpire, comme une belle fille qui manquerait de soins, car elle sent l’ail, la gueuse, et mille choses encore. Elle sent les innommables nourritures que grignotent