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la kabylie. — bougie

l’aspect du pays, entre en pourparlers avec le Kabyle, qui devient son fermier.

Et l’indigène, resté sur sa terre, envoie, bon an, mal an, mille, quinze cents, ou deux mille francs à l’Européen retourné en France.

Cela équivaut à une concession de bureau de tabac.

Autre méthode.

La Chambre vote un crédit de quarante ou cinquante millions destinés à la colonisation de l’Algérie.

Que va-t-on faire de cet argent ? Sans doute on construira des barrages, on boisera les sommets pour retenir l’eau, on s’efforcera de rendre fertiles les plaines stériles ?

Nullement. On exproprie l’Arabe. Or, en Kabylie, la terre a acquis une valeur considérable. Elle atteint dans les meilleurs endroits seize cents francs l’hectare ; et elle se vend communément huit cents francs.

Les Kabyles, propriétaires, vivent tranquilles sur leurs exploitations. Riches, ils ne se révoltent pas ; ils ne demandent qu’à rester en paix.

Qu’arrive-t-il ? on dispose de cinquante millions. La Kabylie est le plus beau pays d’Algé-