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le zar’ez

d’établir les révolutionnaires parisiens en 1871.

Personne au Mzab n’a le droit de rester inactif ; et l’enfant, dès qu’il peut marcher et porter quelque chose, aide son père à l’arrosage des jardins, qui forme la constante et la plus grande occupation des habitants. Du matin au soir, le mulet ou le chameau tire dans le seau de cuir, l’eau déversée ensuite dans une rigole ingénieusement organisée de façon que pas une goutte du précieux liquide ne soit perdue.

Le Mzab compte en outre un grand nombre de barrages pour emmagasiner les pluies. Il est donc infiniment plus avancé que notre Algérie.

La pluie ! c’est le bonheur, l’aisance assurée, la récolte sauvée pour le Mozabite ; aussi, dès qu’elle tombe, une espèce de folie s’empare des habitants. Ils sortent par les rues, tirent des coups de fusils, chantent, courent aux jardins, à la rivière qui se remet à couler, et aux digues, dont l’entretien est assuré par chaque citoyen. Dès qu’une digue est menacée, tout le monde doit s’y porter.

Et ces gens-là, par leur travail constant, leur industrie et leur sagesse, ont fait, de la partie la plus sauvage et la plus désolée du Sahara, un pays vivant, planté, cultivé, où sept villes pros-