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le zar’ez

Quand on arrive dans un village quelconque du Sahara, on remarque aussitôt toute une race particulière d’hommes qui se sont emparés des affaires du pays. Eux seuls ont les boutiques ; ils tiennent les marchandises d’Europe et celles de l’industrie locale ; ils sont intelligents, actifs, commerçants dans l’âme. Ce sont les Beni-Mzab ou Mozabites. On les a surnommés les « juifs du désert ».

L’Arabe, le véritable Arabe, l’homme de la tente, pour qui tout travail est déshonorant, méprise le Mozabite commerçant ; mais il vient à époques fixes s’approvisionner dans son magasin ; il lui confie les objets précieux qu’il ne peut garder dans sa vie errante. Une espèce de pacte constant est établi entre eux.

Les Mozabites ont donc accaparé tout le commerce de l’Afrique du Nord. On les trouve autant dans nos villes que dans les villages sahariens. Puis, sa fortune faite, le marchand retourne au Mzab, où il doit subir une sorte de purification avant de reprendre ses droits politiques.

Ces Arabes, qu’on reconnait à leur taille, plus petite et plus trapue que celle des autres peuplades, a leur face souvent plate et fort large, à leurs fortes lèvres et à leur œil généralement enfoncé sous un sourcil droit et très fourni, sont des schis-