Page:Maupassant - Au soleil - Ollendorff, 1902.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
le zar’ez

de sable emportés dans le vent et heurtant des touffes d’herbes sèches, car on a toujours remarqué que le phénomène se produit dans le voisinage de petites plantes brûlées par le soleil et dures comme du parchemin.

Ce tambour ne serait donc qu’une sorte de mirage du son.

Dès que nous fûmes sortis des dunes, nous aperçûmes trois cavaliers qui venaient au galop vers nous. Quand ils arrivèrent à cent pas environ, le premier mit pied à terre et s’approcha en boitant un peu. C’était un homme d’environ soixante ans, assez gros (ce qui est rare en ce pays), avec une dure physionomie arabe, des traits accentués, creusés, presque féroces. Il portait la croix de la Légion d’honneur. On le nommait Si Cherif-ben-Vhabeizzi, caïd des Oulad-Dia.

Il nous fit un long discours d’un air furieux pour nous inviter à entrer sous sa tente et à prendre une collation.

C’était la première fois que je pénétrais dans l’intérieur d’un chef nomade.

Un amoncellement de riches tapis de laine frisée couvrait le sol : d’autres tapis étaient dressés pour cacher la toile nue ; d’autres tendus