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le zar’ez

lézard fuit, mais, plus rapide, le reptile l’a saisi par la queue, par sa longue queue mobile, et la moitié de ce membre reste entre les dents pointues de l’ennemi tandis que l’animal mutilé disparaît dans un trou.

Eh bien, l’ouran, qui n’est autre chose que le crocodile de terre dont parle Hérodote, sorte de gros lézard du Sahara, venge sa race sur la terrible léfaa.

Le combat de ces animaux est d’ailleurs plein d’intérêt. Il a lieu généralement dans une vieille caisse à savon. On y dépose le lézard qui se met à courir avec une singulière vitesse, cherchant à fuir ; mais, dès qu’on a vidé dans la boîte le petit sac contenant la vipère, il devient immobile. Son œil seul remue très vite. Puis il fait quelques pas rapides, comme s’il glissait, pour se rapprocher de l’ennemi, et il attend. La léfaa, de son côté, considère le lézard, sent le danger et se prépare à la bataille : puis d’une détente elle se jette sur lui. Mais il est déjà loin, filant comme une flèche, à peine visible dans sa course. Il attaque à son tour, revenu d’une lancée avec une surprenante rapidité. La léfaa s’est retournée et tend vers lui sa petite gueule ouverte, prête à mordre de sa morsure foudroyante. Mais il a