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le zar’ez

gonflé, les pattes écartées, me regardait. La vilaine bête m’avait trouvé sans doute sur sa route habituelle et était venue se heurter à ma figure.

Comme vengeance, je le contraignis à fumer une cigarette. Il en est mort d’ailleurs. Voici comment on procède. On ouvre de force sa bouche étroite ; on y introduit un bout du fin papier plein de tabac roulé, et on allume l’autre bout. L’animal suffoqué souffle de toute sa vigueur pour se débarrasser de cet instrument de supplice, puis, bon gré mal gré, il est ensuite contraint d’aspirer. Alors il souffle de nouveau, enflé, expirant et comique ; et jusqu’au bout il faut qu’il fume, à moins qu’on n’ait pitié de lui. Il expire généralement étouffé et gros comme un ballon.

Comme sport saharien on fait souvent assister les étrangers à la lutte d’une léfaa et d’un ouran.

Qui de nous n’a rencontré dans le Midi tous ces pauvres petits lézards à queue coupée courant le long des vieux murs ? On se demande d’abord quel est le mystère de ces queues absentes. Puis, un jour, comme on lisait à l’ombre d’une haie, on vit soudain une couleuvre jaillir d’une crevasse et s’élancer vers l’innocente et gentille bête se chauffant sur une pierre. Le