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le zar’ez

exemple, laissait à désirer. De la boue peuplée de larves. On n’en but guère.

Chacun s’enfonça dans les roseaux et s’endormit. Une sensation froide me réveilla en sursaut ; une énorme grenouille venait de me cracher un jet d’eau dans la figure. En cette contrée il faut être sur ses gardes et il n’est pas toujours prudent de dormir ainsi sous les rares verdures, surtout dans le voisinage des sables, où pullule la léfaa, dite vipère céraste ou vipère à cornes, dont la piqûre est mortelle et presque foudroyante. L’agonie souvent ne dure pas une heure. Ce reptile d’ailleurs est très lent et ne devient dangereux que si on marche dessus sans le voir, ou si on se couche dans son voisinage. Quand on le rencontre sur sa route, on peut, même avec de l’habitude et des précautions, le prendre à la main en le saisissant rapidement derrière les oreilles.

Je ne me suis pas offert cet exercice.

Cette petite et terrible bête habite aussi l’alfa, les pierres, tout endroit où elle trouve un abri. Quand on couche pour la première fois sur la terre, la pensée de ce reptile vous préoccupe : puis on n’y songe plus. Quant aux scorpions, on les méprise. Ils sont d’ailleurs aussi communs