Page:Maupassant - Au soleil - Ollendorff, 1902.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
le zar’ez

Le pays n’ayant de sources que sur le versant sud du Djehel Gada, qui n’est point habité, l’eau naturellement n’est fournie que par les puits communs à toute la tribu. Il ne peut donc se produire de détournements de cours, ce qui est la principale cause de querelles et de haines dans tout le sud.

Ici encore un homme se présenta en sollicitant son admission à l’hôpital français. Quand on lui demanda quelle maladie il avait, il releva sa gandoura et montra ses jambes. Elles étaient marbrées de taches bleues, flasques, molles, blettes comme un fruit trop mûr, avec des chairs tellement ramollies que le doigt y pénétrait comme dans une pâte qui gardait longtemps le trou creusé par cette pression. Ce pauvre diable présentait enfin tous les signes d’une syphilis épouvantable. Comme on lui demandait en quelle occasion cette infirmité lui était venue, il leva la main, et jura par la mémoire de ses ancêtres que « c’était l’œuvre de Dieu ».

En vérité le Dieu des Arabes accomplit des œuvres bien singulières.

Lorsque toutes les réclamations ont été entendues, on essaye de dormir un peu sous la chaleur terrible de la tente.