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le zar’ez

L’officier l’interroge sur sa maladie. Alors l’Arabe ouvre son vêtement ; et nous apercevons une plaie horrible, très vieille déjà et purulente, à la hauteur du foie. Ayant invité le blessé à se retourner, un autre trou nous apparut dans son dos, en face du premier, au centre d’une grosseur aussi volumineuse qu’une tête d’enfant. Lorsqu’on appuyait autour, des fragments d’os sortaient. Cet homme avait reçu manifestement un coup de fusil ; et la charge, entrée sous la poitrine, était sortie par le dos, en broyant deux ou trois côtes. Mais il nia avec énergie, protesta et jura que « c’était l’œuvre de Dieu ».

Dans ce pays sec d’ailleurs les plaies ne présentent jamais de gravité. Les fermentations, les pourritures produites par les éclosions de microbes n’existent point, ces animalcules ne vivant que sous les climats humides. À moins d’être tué sur le coup, à moins qu’un organe essentiel ne soit supprimé, les blessures sont toujours guéries.

Nous arrivions le lendemain chez le caïd Abdel-Kader-bel-Hout, un parvenu. Sa tribu qu’il administre avec sagesse est moins turbulente et moins plaideuse que les autres. Peut-être faut-il chercher une autre cause à ce calme relatif.