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le zar’ez

secousse, il arrête l’animal qui fléchit sur ses jambes. Puis, il saute à terre d’un bond, et s’avance, respectueux, vers l’officier, dont il baise la main.

Quels que soient le titre de l’Arabe, son origine, sa puissance et sa fortune, il baise presque toujours la main des officiers qu’il rencontre.

Puis le caïd se remet en selle et dirige les voyageurs vers la tente qu’il leur a fait préparer. On s’imagine généralement que les tentes arabes sont blanches, éclatantes au soleil. Elles sont au contraire d’un brun sale, rayé de jaune. Leur tissu très épais, en poil de chameau et de chèvre, semble grossier. La tente est fort basse (on s’y tient tout juste debout) et très étendue. Des piquets la supportent d’une façon assez irrégulière, et tous les bords sont relevés, ce qui permet à l’air de circuler librement dessous.

Malgré cette précaution, la chaleur est écrasante, pendant le jour, dans ces demeures de toile ; mais les nuits y sont délicieuses, et on dort merveilleusement sur les épais et magnifiques tapis du Djebel-Amour, bien qu’ils soient peuplés d’insectes.

Les tapis constituent le seul luxe des Arabes riches. On les entasse les uns sur les autres, on