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le zar’ez

C’était tantôt une morne étendue de sable, ou plutôt de poussière de terre, tantôt un océan de touffes d’alfa piquées au hasard dans le sol, et qui forçaient nos chevaux à ne marcher qu’en zig-zag.

Ces plaines d’Afrique sont surprenantes.

Elles paraissent nues et plates comme un parquet, et elles sont, au contraire, sans cesse traversées d’ondulations, comme une mer après la tempête, qui, de loin, semble toute calme parce que la surface est lisse, mais que remuent de longs soulèvements tranquilles. Les pentes de ces vagues de terre sont insensibles ; jamais on ne perd de vue les montagnes de l’horizon, mais dans l’ondulation parallèle, à deux kilomètres de vous, une armée pourrait se cacher et vous ne la verriez point.

C’est ce qui rendit si difficile la poursuite de Bou-Amama sur les hauts plateaux alfatiers du Sud-oranais.

Chaque matin, on se remet en marche dès l’aurore à travers ces interminables et mornes étendues ; chaque soir, on aperçoit venir quelques hommes à cheval et drapés de blanc qui vous conduisent vers une tente rapiécée sous laquelle des tapis sont étalés. On mange tous les jours les