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le zar’ez

pierreux et secs qui s’étendait à perte de vue autour de nous.

On servit tout de suite le déjeuner, auquel le Ramadan interdisait au caïd de prendre part. Mais, afin de veiller à ce que nous ne manquions de rien, il s’assit en face de nous, à côté de son frère Il-Haoués-ben-Yahia, caïd des Oulad-Alane-Berchieh. Alors je vis s’approcher un enfant d’une douzaine d’années, un peu grêle, mais d’une grâce fière et charmante, que j’avais déjà remarqué quelques jours auparavant au milieu des Oulad-Naïl dans le café maure de Boukhrari.

J’avais été frappé par la finesse et l’éclatante blancheur de vêtements de ce frêle petit Arabe, par son allure noble, et par le respect que chacun semblait lui témoigner ; et, comme je m’étonnais qu’on le laissât ainsi rôder, à cet âge, au milieu des courtisanes, on me répondit : « C’est le plus jeune fils du bach’agha. Il vient ici pour apprendre la vie et connaître les femmes ! ! ! » Comme nous voici loin de nos mœurs françaises !

L’enfant me reconnut aussi et vint gravement me tendre la main. Puis, comme son âge ne le contraignait pas encore au jeûne, il s’assit avec