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le zar’ez

le soleil se lève, ainsi qu’à l’heure où le soleil se couche.

Ici, c’est d’abord une lueur très vague, qui augmente, s’étend, envahit tout l’espace en quelques instants. Puis soudain, à la crête d’un mont, ou bien au bord de la plaine infinie, le soleil apparaît tel qu’il va monter au ciel, et sans avoir cet aspect rougeoyant, comme endormi encore, qu’ont ses levers en nos pays brumeux.

Mais ce qu’il y a de plus singulier dans ces aurores du désert, c’est le silence.

Qui ne connaît, chez nous, ce premier cri d’oiseau bien avant le jour, dès les premières pâleurs du ciel ; puis, cet autre cri qui répond dans l’arbre voisin ; puis enfin cet incessant charivari de sifflets, de ritournelles répétées, de notes vives, avec le chant lointain et continu des coqs ; toute cette rumeur du réveil des bêtes, toute cette gaieté des voix dans les feuilles.

Ici, rien. L’énorme soleil s’élève au-dessus de cette terre qu’il a dévastée, et il semble déjà la regarder en maître, comme pour voir si rien de vivant n’existe plus. Pas un cri de bête, sauf parfois le hennissement d’un cheval : pas un mouvement de vie, sauf, lorsqu’on a campé dans le