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le zar’ez

des sources et des puits, les notes griffonnées vivement sur le pommeau de la selle, et les rapides dessins faits à l’œil, sans instruments d’aucune sorte.

Je demandai aussitôt l’autorisation de me joindre à la petite troupe. Elle me fut accordée de la meilleure grâce du monde.

Nous sommes partis deux jours plus tard.

Il était trois heures du matin quand un spahi vint m éveiller en frappant à la porte de la pauvre auberge de Boukhrari.

Quand j’eus ouvert, l’homme se présenta avec sa veste rouge brodée de noir, son large pantalon plissé, finissant au genou, là où commencent les bas en cuir cramoisi des cavaliers du désert. C’était un Arabe de taille moyenne. Son nez courbé avait été fendu d’un coup de sabre, et la cicatrice laissait ouverte toute la narine du côté gauche. Il s’appelait Bou-Abdallah. Il me dit

— Mossieu, ton cheval il est prêt.

Je demandai :

— Le lieutenant est-il arrivé ?

Il me répondit :

— Va venir.

Bientôt, un bruit lointain s’éleva dans la vallée